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La production d’or dans le monde : vers un or plus responsable ?

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Pourquoi l’or est-il si cher ? Comment extrait-on l’or ? Est-il possible d’avoir de l’or “éthique” ? Réponses à toutes les questions que vous n’avez jamais osé poser sur l’or !

Des gisements primaires au recyclage

 

L’or dit « primaire » s’est formé à 30 km sous terre entre le magna et la croute terrestre. Il a entre 3.5 milliards et 600 millions d’années d’ancienneté. Les mouvements géologiques (éruptions, tectonique, érosion) l’ont ensuite distribué progressivement en veines et filons, tout autour du globe et à toutes les profondeurs. Ces couches, veines, ou encore « filons » sont maintenant mélangés à toutes sortes de roches, présentant une dureté très variable selon qu’elles sont d’origine magmatique, dioritique, granitique (etc.) ou sédimentaire (ardoise, grès).

Quand ils sont mis à jour par l’érosion, ces gisements primaires dispersent paillettes, poussières ou pépites ; elles sont charriées par l’eau de pluie et les rivières qui constituent alors peu à peu des dépôts alluvionnaires. Ces types de dépôts sont exploités généralement quand le taux de concentration est de 10 grammes d’or brut par tonne.

En 2017, la production minière a représenté 3 300 tonnes. La « production » d’or recyclé s’élève quant à elle à 1 200 tonnes annuelles, soit plus de 25% de l’offre mondiale. Il est issu de la fonte de bijoux récupérés, du recyclage de matériel informatique et de couronnes dentaires. Il est originaire d’Asie pour plus de 50%.

 

 

Techniques d’extraction de l’or miniers

 

Une fois le minerai excavé, plusieurs techniques sont employées, selon le degré de concentration, la qualité recherchée et les moyens de l’entreprise.

Gravitation

Méthode la plus ancienne. On extrait le minerai de roches tendre en le mélangeant à l’eau. Cette boue est soumise à une succession de tamis qui va décanter progressivement les paillettes et pépites d’or. C’est cette technique artisanale, extrêmement éprouvante, qui est utilisée par les orpailleurs.. Dans les années 1980, le photographe Sebastião Salgado publie un reportage sur La Mine d’or de Serra Pelada qui fera le tour du monde. Il présente le quotidien dans une mine d’or en Amazonie où hommes et femmes creusent dans la boue pour en extraire le métal.

Plus moderne, les centrifugeuses utilisent également la densité de l’or pour le séparer du reste du minerai. Leur usage (et leur coût) est cependant plus adapté à des conditions de laboratoire.

Cyanuration (1887)

On pulvérise du Cyanure de Sodium sur le minerai. Au contact de l’air, ce dernier va liquéfier l’or (lixiviation). On récupère directement le flux d’or brut, qui peut atteindre une concentration de 97%. Au-delà de l’aspect toxique du cyanure, les reliquats de la méthode comme les cyanates et les thiocyanates doivent être stockés avec une vigilance accrue. Des accidents ont fréquemment lieu en raison des négligences coupables des exploitants, menant à des pollutions de sols et de rivières sur plusieurs kilomètres et provoquant l’empoisonnement mortel des populations. La nature très toxique du cyanure rend donc le processus très controversé. Bien que son utilisation soit interdite dans un certain nombre de pays et de territoires, on estime que 90% des mines d’or dans le monde utilisent ce procédé.

Amalgamation au mercure

On fait couler du mercure sur le minerai qui va absorber l’or présent. Le liquide obtenu est ensuite distillé pour séparer l’or brut du mercure. Cette technique n’offre pas de meilleur rendement que la cyanuration et elle ajoute une difficulté : le mercure amalgame également les autres métaux lourds présents dans le minerai. Ainsi, le degré de concentration de l’or est généralement de 60%. De plus, cette technique est tout aussi polluante et dangereuse que la cyanuration. Elle est souvent pratiquée par des ateliers artisanaux de pays pauvres, mal équipés et mal préparés aux effets dévastateurs du mercure.

Pour l’amalgamation et la cyanuration, l’or brut fait ensuite l’objet d’un traitement au chlore pour obtenir le degré de finesse recherché. Si besoin, la dernière étape peut se faire par électrolyse.

 

1 gramme d’or raffiné, c’est en moyenne

  • 2 grammes de mercure
  • 2 grammes de cyanure
  • 2500 litres d’eau
  • 5 litres d’essence
  • 75 kg de C0²
  • 1 kg de souffre
  • 1 tonne de déchets miniers

Un Napoléon contient 5.81 grammes d’or pur.

Au regard des techniques utilisées pour extraire de l’or, il est nécessaire, comme pour beaucoup de matières premières, d’encadrer rigoureusement la production avec l’objectif de préserver la santé des ouvriers et l’environnement. Comme dans tous les secteurs, les dispositions à prendre sont coûteuses ; il va de soi que les producteurs, petits ou grands, cherchent à réduire ces mesures au strict nécessaire… voir davantage. C’est chose d’autant plus aisée que nombre de gouvernements, si jamais ils ont légiféré, n’ont que rarement les moyens de contrôler les dispositifs réellement mis en œuvre.

 

 

Provenance géographique de l’or minier.

 

90 pays produisent de l’or minier. 18 pays réalisent 80% de cette production mondiale. Leur étude montre qu’environ 52% de la production provient de pays où le développement de la démocratie n’apporte pas aux travailleurs de garanties suffisantes. De même, environ 43% de la production provient de pays en guerre ou de pays où les gouvernements ne sont pas en mesure de garantir la sécurité de leur territoire et de faire appliquer une éventuelle législation minière.

 

Très insatisfaisants, ces chiffres pourraient cependant, à première vue, ne pas alerter plus que la normale sur la provenance de l’or minier et ses conditions d’exploitation : ils ne reflètent ni plus ni moins que la situation globale du monde en matière de démocratie et de sécurité. Néanmoins, dès lors qu’on aborde la production sous l’angle du nombre d’ouvriers du secteur exposés aux différentes situations dégradées, l’analyse prend une tournure catastrophique.

 

 

Or industriel et or artisanal

 

La production de l’or dans le monde n’est pas oligopolistique. Le secteur est caractérisé par de très nombreuses sociétés minières indépendantes, dont les 12 plus grandes ne peuvent pas revendiquer au total plus du tiers de l’activité mondiale. Le trio de tête, si on excepte les firmes chinoises, est représenté par Barrick Gold, Newmont Mining et Anglogold Ashanti (environ 5% chacune de la production mondiale). Ces sociétés déploient des moyens capitalistiques colossaux. La mécanisation est poussée à l’extrême et permet de traiter de très faibles niveaux de concentration. L’intensité humaine de cette activité est relativement faible en comparaison de la filière artisanale. Elles sont représentatives de l’activité aurifère des pays de culture occidentale (Etats-Unis, Australie, Canada).

La production minière artisanale et à petite échelle concerne aujourd’hui 80 pays dans le monde. Ces territoires sont souvent victimes d’exploitation économique, de corruption, d’atteinte aux droits de l’homme, de travail des enfants, mais aussi de risques sanitaires et d’illégalités environnementales. Les rejets de mercure, cyanure et autres substances toxiques causent de graves pollutions de l’air, des sols et des eaux. Les technologies y sont rudimentaires et les conditions de travail souvent dangereuses.

En partie clandestine, la production artisanale fournit jusqu’à 15% de la production mondiale d’or (de 380 à 450 tonnes). Elle regroupe cependant 90% des ouvriers du secteur ; ce sont donc 15 millions de mineurs dans le monde qui dépendent de cette forme d’extraction. Leurs exploitations sont à la merci des intermédiaires qui les trompent sur le prix, le poids, la pureté de l’or tout en le revendant entre 35 % et 85 % du prix du marché. De nombreux mineurs vivent ainsi avec 1 $ par jour.

 

 

Notion : or éthique, or équitable, or responsable.

 

La notion d’ «or éthique» est apparue en 2005 à l’initiative de l’Alliance for Responsible Mining (ARM). Elle est présente notamment au Pérou, en Bolivie, en Colombie et en Equateur. L’Afrique et l’Asie cherchent également à mettre en place ce type d’organisation.

 

L’or équitable ou éthique se définit comme un or « extrait de façon artisanale ». Il provient du travail d’artisans regroupés au sein d’exploitations minières artisanales, qui constituent de véritables communautés de vie. Contrairement aux méthodes d’orpaillage illégales largement diffusées comme en Guyane ou encore au Brésil, l’artisanat minier aurifère exercé sous la responsabilité de l’ARM est légal, respectueux des règles de l’Organisation International du Travail. Il est également plus protecteur pour l’écosystème : des mesures sont prises pour identifier, mesurer, gérer, diminuer puis éradiquer les impacts nocifs pour l’environnement.

 

L’impact économique et social de cet artisanat n’a rien à voir avec celui de l’activité minière industrielle des grands groupes internationaux. Ces derniers apportent beaucoup moins de revenu localement. Au sein d’un grand groupe, les revenus sont exportés sous forme de dividendes et la matière est échangée contre des matériels productifs ou des consommables (importés) qui ne contribuent pas directement à l’activité économique locale. Dans le cas de l’or équitable, la quasi-totalité du revenu de l’activité artisanale est dépensée à proximité et les négociants et les affineurs doivent s’engager à réaliser leurs achats directement auprès des organisations certifiées.

Le juste prix est garanti par le label. L’or équitable est acquis au cours du marché avec la garantie d’obtenir un prix minimum fixé à 95% des cotations du London Bullion Market Association. Ce prix intègre une « prime de développement humain », qui permet la mise en place et le bon fonctionnement d’infrastructures de santé, d’assurance et de scolarisation des enfants.

Ces mécanismes constituent une source d’enrichissement de la région qui favorise sa stabilité. Il peut donc permettre de lutter contre certaines formes d’exode ou de migration.

La démarche de l’or équitable est encore embryonnaire : en 2018, huit sociétés minières artisanales étaient certifiées Fairmined pour un total de 400 kg d’or certifiés, soit 0.01 % de la production totale mondiale.

La démarche de certification Fairmined est une démarche volontaire des exploitants miniers et de quelques acteurs de la filière. L’industrie minière mondiale prend progressivement conscience de la nécessité d’aborder les questions de développement durable, mais les objectifs à court terme l’emportent bien souvent sur une logique de responsabilité sociale. L’existence de la certification Fairmined, dans ses principes, est cependant une étape cruciale qui donne à toute une profession une cible ambitieuse.

 

Situés en bout de chaîne, les joailliers et les bijoutiers sont les principaux utilisateurs de la filière et s’approvisionnent directement auprès des mines ou des affineurs labellisés. Il est quasi impossible aujourd’hui de se procurer de l’or boursier « responsable ».

 

 

Sources / références

www.lbma.org.uk
www.responsiblemines.org/fr
www.mineralinfo.fr/ecomine
www.fairtrade.org.uk
www.fairmined.org
www.inter-or.com/actualites