L’extension du Cèdre : un chantier en cradle-to-cradle
S’engager sur la voie d’un futur durable, à l’heure où six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées, est un choix porteur de sens pour le Cèdre. Y compris lorsqu’il s’agit d’agrandir ses locaux. La filiale du groupe Theos s’est lancée dans la conception d’un bâtiment passif de 1200 m2 à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire). Une construction menée selon les principes du cradle-to-cradle.
Bien-être des occupants et intégration harmonieuse au paysage local
L’objectif principal de l’opération est de créer un cadre de travail agréable tout en minimisant l’empreinte écologique du bâtiment.
Le bâtiment est pensé, dès sa conception, pour être entièrement démonté lorsqu’il arrivera en fin de vie. Ce chantier novateur fait aussi la part belle au réemploi (avec Bobi Réemploi). L’extension s’intégrera parfaitement dans la zone classée monument historique qui entoure la Basilique de Paray-le-Monial.
L’accent est mis sur le confort des collaborateurs, la réduction de la consommation d’énergie et l’utilisation de matériaux géo et biosourcés.
Un bâtiment exemplaire d’aujourd’hui, pour demain
Développé par l’architecte William McDonough et le chimiste Michael Braungart, le concept de cradle-to-cradle repense fondamentalement notre manière de concevoir et de construire.
Littéralement “du berceau au berceau”, le cradle-to-cradle s’inspire de la nature. Cette méthode vise à créer des bâtiments et des produits capables d’imiter les cycles biologiques. Ainsi, les “déchets” des uns font le bonheur des autres. Contrairement aux méthodes conventionnelles de conception et de construction, qui se concentrent souvent sur la réduction des impacts négatifs, cette technique vise à créer des systèmes intégrés où tous les matériaux et les produits utilisés sont considérés comme des ressources précieuses qui peuvent être continuellement réutilisés dans de nouveaux cycles de production.
5 piliers du cradle-to-cradle
Ce type de constructions offre plusieurs bénéfices économiques, sociaux et environnementaux :
- des matériaux de qualité pensés pour durer dans le temps : sélectionnés en fonction de leur capacité à être réutilisés ou recyclés en fin de vie. Cela implique l’utilisation de composants sûrs et sains pour l’Homme et la planète. De préférence, renouvelables et biologiques permettant ainsi de limiter l’énergie grise et la toxicité des matériaux employés.
- une déconstruction facilitée : les bâtiments en cradle-to-cradle sont conçus de manière à faciliter leur démontage et la séparation des matériaux en vue de leur réutilisation ou de leur recyclage. Les composants sont souvent assemblés à l’aide de fixations mécaniques plutôt que de colles ou de produits chimiques, ce qui facilite leur démantèlement.
- une anticipation des besoins du bâtiment et son évolution future : les stratégies de conception tendent à réduire les consommations d’énergie et d’eau, ainsi qu’à maximiser l’utilisation des ressources renouvelables. Un bâtiment durable et pensé pour évoluer pourra rester debout plus longtemps, repoussant le moment où l’on devra le démonter pour réemployer ses matériaux.
- une conception respectueuse des enjeux environnementaux : les déchets sont minimisés et les matériaux continuellement réutilisés ou recyclés dans de nouveaux cycles de production. Un moyen de réduire l’empreinte écologique globale des bâtiments et à promouvoir une économie plus durable et résiliente.
- une amélioration du confort : 8 heures par jour dans un environnement intérieur sain et confortable pour les collaborateurs, en favorisant la circulation de l’air, la lumière naturelle et en utilisant des matériaux non toxiques.
Une approche collaborative de l’éco-construction
Les nouveaux bureaux du Cèdre se composent de murs bois et chaux/chanvre, de murs de refends en pierre, menuiserie bois/alu. La toiture isolée en paille et couverte de tuiles.
L’équipe projet et l’architecte Julie Herrgott ont fait le choix de matériaux durables et disponibles à proximité du chantier. L’idée est de minimiser les transports et favoriser le développement des filières locales. Menuiseries, Charpentiers du Haut-Beaujolais, scierie Naudet, paille, concassé, tuiles, plafonds absorbants acoustiques (absorption Jura), pierre (Lanvignes pour les murs de refends, Comblanchien pour la pierre en finition de sol au RDC).
Afin d’assurer une démontabilité optimale, il fallait prendre des précautions dès le départ. Priorité à l’assemblage vissé ou cloué (ossature bois, osb, châssis-fixes, menuiseries), des tuiles mécaniques, des dalles de faïence bloquées non-collées, des éviers et lave-mains posés non-collés, la suppression des colles et silicones au maximum (utilisation de dalles de moquette plombantes de réemploi).
Le changement d’usage se prévoit aussi ! Et cela passe notamment par la création de réseaux de chauffage distincts. Par ailleurs, de grands espaces sans refends offrent davantage de modularité pour préparer le futur. Enfin, l’accessibilité facile aux réseaux assurera la maintenabilité et l’évolutivité du bâtiment.
Encourager les initiatives avec nos adhérents et fournisseurs
Il suffit parfois d’une discussion, d’une visite, pour faire germer une idée. Celle du Cèdre s’est matérialisée grâce au lien étroit avec ses adhérents. Ici, nous n’avons rien inventé. L’inspiration est venue lors d’un échange avec les dirigeants d’Ulteria, un adhérent du Cèdre basé dans l’Yonne (89).
Cet endroit singulier est un lieu pour entreprendre au service du vivant autour de la philosophie de l’économie régénérative. Et à tout âge. Une chèvrerie bio, une école Montessori, une menuiserie, un centre de formation à la transition et une usine qui fabrique du mobilier bois destiné à l’agencement des magasins bio (certifiée cradle-to-cradle d’Europe).
La rencontre a porté du fruit. Quelques mois après les échanges et un déplacement sur site, l’équipe du Cèdre s’est attelée à la tâche. Objectif : passer de 1200 à 3000 m2 de bureaux pour accueillir un effectif global de 200 collaborateurs, le tout selon un mode de construction en cradle-to-cradle. De plus, une attention particulière se porte sur le réemploi, les consommations énergétiques et la mobilité douce.
Le Cèdre : un chantier de construction cradle-to-cradle basé sur le réemploi
Le réemploi dans la construction de bâtiments exemplaires présente de nombreux avantages à la fois économiques, environnementaux et sociaux. En réutilisant des matériaux de construction existants, on réduit la quantité de déchets envoyés dans les décharges, contribuant ainsi à la préservation de l’environnement.
De plus, le réemploi permet de diminuer les coûts de construction. Comment ? En utilisant des matériaux déjà disponibles. Une méthode qui rend les projets de construction plus économiquement viables. Sur le plan social, le réemploi encourage la création d’emplois locaux. Et ce pour gérer la collecte, le tri et la préparation des matériaux réutilisables.
Le réemploi encourage l’innovation. On repense la manière dont les matériaux peuvent s’intégrer dans les nouveaux projets.
En termes de durabilité, le réemploi réduit l’empreinte carbone des bâtiments. Comment ? En limitant la production de nouveaux matériaux et en évitant les émissions associées à leur fabrication. De plus, ce système favorise la circularité des matériaux de construction. Le réemploi contribue à la transition vers une économie plus respectueuse de l’environnement.
Finalement, les ouvrages conçus en cradle-to-cradle offrent une approche holistique et durable de la construction. Tout cela bénéficie à l’environnement, à l’économie et à la société dans son ensemble.